Perfectionnement du tour des aiguilles avalées et retirées enfilées de la bouche

Un numéro à voir

Voici un tour impressionnant des aiguilles avalées et retirées enfilées de la bouche. La question qui me préoccupe le plus aujourd'hui est de communiquer sur le perfectionnement ingénieux apporté à ce tour par un éminent et sympathique artiste. Le procédé nouveau qu'il emploie diffère de l'ancien par cette nuance, d'une conception habile, que le fil servant à l'expérience est de la couleur librement choisie par un spectateur quel qu'il soit.

Ainsi donc le magicien présente sur un plateau plusieurs bobines. Il prie une personne, non complice, de choisir une bobine. Ce choix n'est pas forcé, on s’empresse de l'écrire. Et, dès lors, le magicien « avale », selon le processus connu, les aiguilles ainsi que le fil choisi par le témoin oculaire. Quelques instants après il fait reparaître, sortant de sa bouche, un fil de même couleur. Les aiguilles y sont enfilées.

Suivons maintenant l'auteur de ce perfectionnement dans les explications verbales, dont il a bien voulu autoriser la publication écrite, et qu'il a confiées avec sa grâce coutumière à laquelle il convient de rendre le plus grand hommage.

L'explication

Les bobines de fil, vendues dans le commerce, sont toutes traversées, chacun le sait, d'une petite chambre cylindrique. Chacune des extrémités A, A', de cette chambre est fermée par une étiquette en papier gommé mentionnant la marque du fil, le numéro, etc... Pour découvrir l'entrée de cette chambre il suffit de gratter l'étiquette A, par exemple, avec la pointe de la lame d'un petit canif. L'entrée étant ainsi dégagée, il convient de la débarrasser de toute bavure en grattant les bords avec la pointe de ce canif. Introduire ensuite dans la chambre, du côté A, un faisceau d'aiguilles enfilées avec du fil de la même couleur que le fil qui entoure cette bobine. Ainsi donc le faisceau d'aiguilles enfilées avec du fil rouge sera placé dans la chambre de la bobine enroulée de fil rouge ; celui de la couleur blette devra être situé dans la chambre de la bobine entourée de fil bleu, etc...

Je ne saurais trop attirer l'attention des aimables lecteurs sur cette remarque d'une importance capitale : les soins les plus minutieux doivent présider à la préparation de ces faisceaux d'aiguilles. La réussite de l'expérience repose presque entièrement sur la manière d'assembler, de lier les aiguilles entre elles.

Toutes les bobines sont disposées sur un plateau, l'étiquette A' face au public

Dès que le choix est fait, l'artiste prestidigitateur prend aussitôt la bobine de la main droite sans en laisser le temps au spectateur. Il incline celle-ci du côté A pour recevoir le faisceau d'aiguilles dont une extrémité portera sur la naissance de l'index (du côté interne de la main droite), l'autre extrémité venant s'appuyer sur l'extrémité de ce même doigt.

Le faisceau d'aiguilles ainsi dissimulé par l'index droit est ensuite placé entre la joue et le maxillaire droits. Pour ce faire, l'artiste montre l'intérieur de sa bouche. Et, pour l'ouvrir très grandement, il s'aide tout naturellement de l'index et du majeur de chaque main. En plaçant les doigts (index et majeur) de la main droite dans l'intérieur de la bouche (du côté droit) il dépose entre la joue et le maxillaire droits le faisceau d'aiguilles jusque-là dissimulé par l'index droit.

Je termine ces explications par un conseil que j'adresse aux débutants : ne présenter officiellement ce tour qu'après avoir exécuté de longues, fréquentes et minutieuses répétitions privées. Faute d'observer ces ultimes précautions, le tour des Aiguilles avalées » pourrait devenir dramatique. Il convient donc de lui laisser, jusqu'à nouvel avis, son caractère sensationnel. Cela suffit. S'il arrivait, par malheur, que l'artiste prestidigitateur avalât véritablement une demi-douzaine d'aiguilles, vous concevez quel effet désastreux cela ferait dans l'esprit des spectateurs. Rien que d'y penser j'en ai froid dans le dos.